Pour les appelés du contingent, pour leurs familles, le 19 mars 1962 marque la fin d’une guerre, et le retour dans leurs foyers, sains et saufs… On peut comprendre qu’ils souhaitent commémorer ce jour de soulagement et avoir une pensée pour leurs amis morts au combat.
Mais pour autant, le 19 mars n’est pas une victoire française : c’est une défaite diplomatique (voir notre précédent article ici). Et on ne célèbre pas les défaites. C’est pour cela que tous les présidents de la république ainsi que la majorité des grandes fédérations d’anciens combattants ont refusé d’officialiser la célébration de cette date jusqu’à la présidence de François Hollande.
Pour les Harkis et les Pieds Noirs cette date marque le début d’un long calvaire. Des dizaines de milliers d’anciens Harkis, élus ou fonctionnaires qui ont servi la France furent massacrés dans les pires conditions. L’horreur n’épargna ni femmes ni enfants. Des milliers d’Européens et Musulmans, tous citoyens français, furent enlevés et portés disparus. Alors que l’armée française était encore sur place mais, sur ordre, l’arme au pied !(voir l’article détaillé dans la rubrique Histoire)
Cette date marque aussi le début de leur abandon en Algérie. Sur 260 000 hommes engagés aux côtés de l’armée française, pour la sauvegarde de leurs familles et de leurs biens, seuls 90 000 y compris leurs familles – dont la moitié grâce aux officiers et fonctionnaires qui ont désobéi aux ordres d’abandon du gouvernement de l’époque – purent gagner la métropole où ils furent parqués dans des conditions indignes aujourd’hui condamnées par la CEDH.
Comment pourrions-nous commémorer une telle date sinon avec un drapeau en berne et sans vin d’honneur ?
Pour apaiser les mémoires une autre date plus consensuelle a été retenue : le 5 décembre, pour se souvenir de toutes les victimes civiles et militaires de ce conflit, celles d’avant comme celles d’après le 19 mars.
Pour toutes ces raisons nous refusons de nous associer à cette commémoration et nous appelons le Président de la République et le gouvernement à supprimer cette date des célébrations officielles comme l’avaient fait tous ses prédécesseurs de Georges Pompidou à Nicolas Sarkozy.
Mohamed HADDOUCHE
AJIR pour les Harkis
ajirfrancecontact@gmail.com