L’association justice, information et réparation pour les Harkis (AJIR) a publié une déclaration relative aux propos prononcés le 29 octobre 2025 par le Député Abdelkader LAHMAR lors d’une séance budgétaire à l’Assemblée nationale, qui estime que le mot “Harki” signifiait “Traitre”.  

Dans le même temps, elle a saisi les autorités politiques, institutionnelles et administratives pour les inviter à condamner de tels propos et envisager les sanctions appropriées. Elle a un peu plus tard recherché les motifs de leur silence.

Ces propos blessants ont en effet provoqué une onde de choc au sein de notre communauté historique et de destin; l’indignation et la colère qu’ils ont provoqués, n’ont pas été entendues,

Tout d’abord, par l’absence de spontanéité des corps constitués qui, ni durant les débats, ni dans les jours qui ont suivis, n’ont montré que peu d’enthousiasme à s’emparer de la situation et s’exprimer sur le sujet.  

Pourtant, ces propos sont injurieux et diffamatoires, même s’ils ne relèvent pas à proprement parler du débat budgétaire, ils sont repréhensibles par la loi et n’en sont pas moins choquants, même prononcés dans l’enceinte de l’assemblée, dans le cadre de l’exercice d’un mandat ! 

Certes, “aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions. » mais enfreindre une loi est-ce une opinion ? Prenons garde sans levée d’immunité point de salut !

Près d’un mois après les faits, les réponses apportées, par le groupe politique dont est issu ledit parlementaire, la Ministre déléguée, les présidentes de l’Assemblée nationale et de la commission nationale indépendante Harkis oscillent entre compassion et morale. Ces sentiments louables sont méritoires mais ils ne traduisent pas, globalement, dans le cas présent, les attentes de justice et de probité que nos concitoyens attendent. Ils ne sont pas non plus à la hauteur des enjeux de cohésion sociale et de volonté de construction d’une mémoire commune et apaisée à laquelle une fondation pour la mémoire des Harkis pourrait prendre part. 

Au regard de ses dérapages verbaux, actuels et passés, Monsieur LAHMAR, sera sommé, par la présidence de l’Assemblée nationale, de s’abstenir à l’avenir de proférer des propos aussi inconvenants 

La perte de confiance et la fragilisation des institutions ne résiderait-elle pas devant tant d’impuissance ! 

Cette indifférence coupable masque un manque de courage car AJIR a depuis longtemps proposé les mesures déclinées en deux volets, qu’ils conviendrait de prendre pour traiter de telles situations. 

Au titre de la politique de mémoire de l’Etat, de la mémoire des valeurs et la politique de vigilance, le développement de l’offre de formation des enseignants sur l’histoire des Harkis, de la guerre d’Algérie, de la colonisation et la décolonisation ainsi que la conclusion de convention avec l’éducation nationale en lien avec l’ONACVG et les associations pour des interventions de sensibilisation auprès des élèves de collèges et lycées pourraient être très largement soutenues et généralisées. Le véritable sens du mot Harki pourrait y être enseigné par exemple.

En ce qui concerne le second volet, il s’agirait de compléter l’article 5 de la loi de 2005 et la loi du 27 février 2012 avec des sanctions dissuasives en cas d’injures ou d’insultes proférées contre les Harkis ou les personnes supposées comme telles et dans le même temps inscrire dans le code de procédure pénale l’interdiction d’injurier ou de diffamer les Harkis ou les personnes supposées comme telles, assortie des sanctions adéquates pour les auteurs de ces infractions. 

La défense de la vérité historique doit empêcher certaines personnes, parfois investies de titres universitaires ou de fonctions électives, de contester et de déformer la véracité de notre récit national.