Communiqué sur la journée : comment réparer l’irréparable ?

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Le vendredi 3 mars 2023, de 9h00 à 17h00, s’est tenue à Paris dans l’enceinte du Sénat une journée d’étude et d’échanges sur le thème « Comment réparer l’irréparable » à l’initiative d’AJIR pour les Harkis. 

Lors de cette journée exceptionnelle, parrainée par le Sénateur Laurent Somon, de nombreuses personnalités sont intervenues sur différents thèmes relatifs à la mémoire et à la réparation devant un auditoire nombreux et captivé. Cette journée se voulait l’écho de la loi du 22 février 2022 portant reconnaissance de la Nation envers les harkis et réparation des préjudices subis.

Ainsi, Antoine Garapon, Magistrat et membre de la Commission Sauvé sur les abus au sein de l’église, a débuté la matinée sur le thème « Evaluer avant de réparer : mission impossible mais indispensable ».  Pour la lui « la réparation ne peut se faire sans un travail préalable d’évaluation des préjudices… ».


« Que peut réparer un état », Dominique Schnapper, sociologue et politologue, expose ses réflexions relatives aux Harkis « victimes d’un piège historique », conclut son intervention par « rétablir la vérité et aider les descendants à dépasser, sans l’oublier, le traumatisme, c’est ce que peut faire un pouvoir démocratique qui entend « réparer ».

Denis Peschanski, historien, est intervenu sur « l’importance des fondations pour la mémoire face à l’indicible ». « Les fondations constituent le meilleur moyen de réparer l’histoire et la morale à condition de le faire dans une optique universaliste, d’ouverture aux autres et de ne pas rester enfermé entre soi… ».

« Comment faciliter les résiliences et éviter la transmission des traumatismes » est le sujet sur lequel Boris Cyrulnik, neuro-psychiatre et psychanalyste s’est exprimé. Il estime « qu’on ne peut pas ne pas transmettre : dire son traumatisme à ses proches c’est leur transmettre l’horreur vécue ; se réfugier dans le silence, c’est leur transmettre l’angoisse ». 

Samuel Deliancourt, magistrat a évoqué la question de « la prescription quadriennale : entrave à la réparation ». Pour ce magistrat et enseignant « la prescription quadriennale lorsqu’elle est trop souvent opposée aux demandes des Harkis peut constituer une entrave indéniable devant la Cour Européenne des droits de l’homme… ».

Des groupes de travail ont été créés en novembre 2022, pour étudier les axes d’amélioration de la loi du 22 février 2022. Les rapporteurs de ces groupes de travail ont restitué leurs conclusions devant les parlementaires présents (Marie-Pierre Richer, Laurent Somon, Philippe Tabarot et François Ruffin). Ces conclusions concernent les dysfonctionnements de la mise en œuvre de la loi, l’ajout des structures d’accueil ne figurant pas sur les listes du gouvernement, les actions pour la mémoire, les discriminations, …). 


Thierry Laurent, Directeur de cabinet de la Ministre chargée des anciens combattants et Jean-Marie Bockel, Président de la commission de réparation pour les harkis étaient présents et ont pris à leur tour la parole le premier pour répondre aux préoccupations évoquées par les groupes de travail et le second pour présenter les travaux de la Commission. 


En conclusion de cette journée intense, passionnante et enrichissante l’ancien ambassadeur Frédéric Grasset, Président de la Fondation pour la guerre d’Algérie des combats du Maroc et de Tunisie, a présenté une synthèse de cette journée qui s’est déroulée dans une ambiance attentive et sereine et très fortement appréciée par l’ensemble des participants.

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Au cours de cette journée, Dominique Schnapper a remis à Mohand Hamoumou, Président d’AJIR pour les Harkis, la cravate de Commandeur dans l’Ordre National du Mérite que lui avait décerné le Président de la République Française.


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A propos : 
AJIR pour les Harkis France, c’est plus de 2500 adhérents au travers de 35 associations adhérentes, 7 délégués régionaux, 33 délégués départementaux répartis sur le territoire français.