Lorsqu’en 1954, la guerre d’Indochine prend fin, après 8 années de guérilla et de combats, après la défaite de Diên Biên Phu, et des centaines de milliers de morts, l’armée française rentre en métropole en abandonnant la plupart de ses ses supplétifs vietnamiens. Comme plus tard à la fin de la guerre d’Algérie, la France abandonna les Harkis. Quelques milliers seulement de supplétifs indochinois, ces autochtones qui ont combattu aux côtés de la France, furent rapatriés.
Après les accords de Genève (21 juillet 1954) environ 5 000 indochinois sont accueillis en France notamment dans des camps comme Sainte-Livrade et Noyant où ils vécurent de nombreuses années (certains y sont encore). Ces camps ont été ceux qui allaient accueillir les Harkis quelques années plus tard. Les conditions d’accueil y étaient aussi précaires et indignes que celles qu’ont connues les Harkis.
Au mois de Février dernier, le député Olivier Faure (secrétaire national du PS) est l’auteur d’une proposition de loi, calquée sur la loi du 23 février 2022 pour les Harkis et leurs familles, tendant à réparer les préjudices subis par ces populations de 1954 à 1965. Un décret précisera les lieux concernés ainsi que les barèmes d’indemnisation qui seront exactement les mêmes que ceux accordés aux Harkis. Cette proposition de loi sera discutée, en première lecture, par l’assemblée nationale le 3 juin 2025. A signaler que l’auteur de cette proposition de loi a été nommé rapporteur de ce texte le 21 mai 2025.
AJIR soutient pleinement cette initiative qui tend à réparer une injustice flagrante qu’elle a souvent dénoncée et AJIR souhaite que les parlementaires complètent cette proposition en calquant le barème de l’indemnisation sur le récent arrêt de la CEDH (Tamazount/ c. France). L’auteur de la proposition aurait été bien avisé d’y inclure ce barème plus équitable aux regards des conditions de vie endurées dans ces lieux de toute nature… Gageons qu’un ou des parlementaires corrigeront cette lacune par voie d’amendement et espérons que la majorité de l’assemblée l’approuvera.
La sagesse des parlementaires du « pays des droits de l’homme » réparera enfin une injustice qui perdure depuis de trop longues années, en approuvant dès le vote de cette proposition un barème que les familles d’anciens supplétifs indochinois n’auront pas à aller chercher auprès de la CEDH. Puisse cette loi inciter également le Gouvernement à étendre par décret (en remplacement de celui du 20 mars 2025) le nouveau montant pour Bias et Saint Maurice à toutes les structures et à tous les lieux d’indignité et de privation de liberté. C’est une question d’égalité et de justice. Pour les supplétifs qui y ont souffert de l’accueil indigne, quelle que soit leur origine.